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muta d'accento e di pensiero
30 octobre 2012

La théorie du complot à l'hôpital

Je n'aime pas me rendre à l'hôpital.

Etant de nature anxieuse et un peu hypocondriaque l'hôpital me rend nerveuse et parfois au bord du malaise. Un bord que j'arrive à ne jamais franchir, notamment parce que j'élabore des stratégies.

La première c'est de toujours repérer la sortie.

On est dans une salle d'attente, je repère la sortie par les escaliers, je repère aussi la fenêtre et son échappée vers le monde extérieure. La sortie ce peut-être tout simplement aussi les toilettes. Les toilettes, y a que ça de vrai. On s'y enferme, on peut y respirer tranquillement sans pour autant alerter les gens qui vous entourent.

J'ai horreur de me donner en spectacle et mes malaises ne sont jamais dictés par l'envie de me faire remarquer. Au contraire, moins on me voit, mieux je me porte (ce qui d'ailleurs dans mon métier a longtemps été un problème pour moi qui suis le spectacle vivant de plusieurs centaines d'élèves par semaine).

Et puis, il faut le dire, l'hôpital ne fait rien pour mettre à l'aise.

Il y a l'odeur, il y a les patients (dont les pansements et l'état souffrant fait mal rien qu'à voir), et il y a surtout l'environnement. Et l'environnement, comme à l'école, ce sont les murs et ce qu'on y met.

C'st bien simple, à lire ce qu'on y placarde, la vie est en permanence un gouffre de maladies dont on peut pourtant aisément se prévenir, pourvu qu'on soit raisonnable.

La leçon numéro 1 est donnée par ces affichettes où on vous apprend à vous laver les mains. Un distributeur de gel antiseptique à côté. Il est même bien spécifié que vos bijoux sont couverts de bactéries. L'hôpital n'aime pas les bijoux.

La leçon numéro 2 concerne bien évidemment les drogues. On vous dit que le tabac ça fait mal et vous pouvez, si vous le voulez, remplir un espèce de questionnaire qui va définir si vous avez des chances de mourir d'un AVC dans les années qui vont suivre. Soulagement quand vous n'avez pas à cocher "l'un des membres de votre famille a eu un accident vasculaire cérébrale avant 45 ans", angoisse quand vous cochez "vous fumez depuis plus de 3 ans".

La leçon numéro 3 c'est le non maîtrisable, c'est à dire la maladie, qu'elle soit ou non déclenchée par votre amour des drogues ou dûe au manque de bol. Le dépistage en tout genre est vivement recommandé: il faudrait passer son temps à se toucher les seins et à chier dans une éprouvette pour au moins éviter d'avoir un cancer du sein ou du colon à un stade trop avancé pour le soigner.

Et le summum c'est la télé dans les salles d'attente. Surtout quand elle diffuse "le journal de la santé" ou bien une émission à la con sur France 2 parlant de ces personnes qui ont eu un cancer du sein avant 30 ans. Ce qui fait dire à mon fils:

"tu as de la chance maman, toi tu as 36 ans et tu n'as pas encore eu de cancer du sein".

J'ai demandé à la secrétaire qu'ils changent de chaine parce que là non vraiment c'était trop déprimant. L'instant d'avant sur France 2 ils parlaient du racisme, et il y a avait un couple de vieux dont la femme s'est mise à dire, laconiquement, à son mari:

"tu sais, c'est là où ils parlent du racisme".

Une dame est passée dans le couloir, avec son fils, elle était grosse. La vieille a dit à son mari:

"tu as vu comme elles est grosse?"

C'est absolument enthousiasmant.

Heureusement qu'avec la secrétaire (très communicative), on s'est trouvées plein de points communs, notamment la déglutition infantile du petit, l'amour de nos hommes pour la tranquillité et nos critères d'éducation. A un moment donné elle m'a dit que son mari ne voulait pas d'autre enfant (ils en ont un) et j'ai eu la bêtise de répondre:

"il va peut-être changer d'avis" (ce qui est du même ordre que le "c'est l'émission où il parle du racisme" de l'autre vieille).

Elle m'a dit que non, et elle m'a demandée si il fallait qu'elle change d'homme. J'ai failli lui répondre que oui, que ce faisant elle augmentait ses chances d'avoir une descendance plus nombreuse, mais je n'ai pas osé.

Au moment où mon fils était au bloc, j'ai entendu un hurlement d'enfant... j'ai demandé "mais c'est le mien"? à une dame qui attendait avec moi, tout mon corps s'est tendu (j'ai repéré la sortie et les toilettes, encore une fois). Et là, comme mue par un ressort, la secrétaire est arrivée et m'a dit: "non non ce n'est pas le votre, c'est un petit qui se fait couper le zizi vous savez? (allusion à un fymosis ou à une circoncision de type religieux), c'est quand on leur enlève le pansement..."

Joie.

 

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